total eclipse of the heart → DIEDRE [temrinée]

Seattle de l'année mille neuf cent quatre-vingt dix-sept. Nous étions quelques minutes avant midi, il faisait dehors, nous étions en automne. Les feuilles devenaient jaunes, oranges ou rouges, tout le monde portait des écharpes ou des bonnets, le soleil se cachait pour laisser sa place à de gros nuages qui n'attendaient que de pouvoir grogner tous nous mouiller. Et pourtant, rien ne me faisait dévier mon regard du grand saladier en poterie. Maman me regardait en me souriant. ▬ Et ensuite ? Je fis mine de réfléchir, repoussant au passage un mèche de cheveux qui me tombait dans les yeux. J'avais six ans, et malgré les problèmes d'argents de ma famille, j'étais parfaitement heureuse. J'étais aimée, j'avais un toit sous la tête, et j'aimais l'école. Que demander de plus à mon âge ? Actuellement dans la cuisine, en pleine préparation d'un gâteau au chocolat pour le dessert, je relevais la tête vers ma mère. ▬ Du sucre ! M'exclamais-je fière de moi. Encore une fois, ma mère me sourit en hochant la tête de façon à ce que je comprenne que j'avais raison. Je suis alors descendue de mon tabouret pour aller chercher le sucre. Je lui tendis le paquet, elle me remercia. ▬ Maman, je peux aller aux toilettes ? Demandais-je en lui montrant que c'était pressant. Elle versa du sucre dans le saladier, avant de remuer le tout. ▬ Vas-y, je t'attends pour la suite. Je souris avant de sautais du tabouret, courant vers la pièce adéquate. Je soulageais ma vessie, lorsque j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir. Ce fut le silence. Un silence mortel, et c'est peu dire. C'était mon père, je le savais parce que j'ouvris la porte tout doucement. Il tenait quelque chose à la main, mais impossible de dire quoi. ▬ On m'a viré. J'en peux plus de tout ça, de tout ces problèmes. C'est pas la vie qu'on doit offrir à Diedre. Je me raclais la gorge. Ce qu'il tenait en main, c'était une arme à feu. Maman regarda sa main et commença à pleurer. J'avais compris qu'il allait se passer quelque de grave, très grave. Papa leva la main, il tremblait. Maman criait "non" plusieurs fois, et tout un coup il y eut un coup de feu. Je sursautai, sans rien dire. Mon père pleurait. Il pointa l'arme sur sa tête, et il y a eu un deuxième coup. Je mis une minute à sortir des toilettes. Il y avait au sol deux corps, sans vie, avec une énorme tache de sans autour. Je pleurais désormais, comme si je venais enfin de comprendre. ▬ MAMAN ! PAPA ! Et notre gâteau maman. Après il faut du beurre, du chocolat, et le mettre au four ! Mamaaaan ! Je m'écroulais au sol, prenant dans mes bras le corps de ma mère. C'était le plus beau jour de ma vie, j'allais faire un gâteau avec ma mère. C'est devenu le pire.



Je pris mon sac, le mettant sur mon épaules droites, mes clés de voiture et j'embrassai ma mère avant d'ouvrir la porte d'entrée pour la refermer derrière moi. D'extérieur, c'était une immense maison blanche et jaune, on voyait tout de suite que la famille était fortunée, et pourtant la décoration à l'intérieur était le plus simpliste possible. On avait quand même un piscine et de l'argent, mais on a jamais était très démonstratif de tout cet argent. J'ouvrais ma voiture en rentrant la clé -avec un peu de mal- puis j'entrais dans ma vielle deux chevaux de couleur rouge. J'aimais les vielles voitures, mon père aussi. Le moteur grogna, j'avais alors quitté la rue, pour aller vers celle de l'homme que j'aime. C'était la première fois que je vivais un amour comme ça, c'était un amour fusionnel, passionné. Il y avait juste un problème : l'ex-femme de ce dernier. Il avait quatorze ans de plus que moi, j'étais la baby sitter de sa fille et son fils, et on avait craqué l'un sur l'autre. Grossière erreur, soit dit en passant. Je m'arrêtais alors, coupant le contact. Raclant ma gorge, je sortais de la voiture. Je m'avançais vers la terrasse d'un café. Il était déjà là, et avait commandé deux cafés. J'arrivais tout sourire en m'asseyant en face de lui. Il prit ma main. Je le remerciais pour le café sans croiser son regard. ▬ Quelque chose ne va pas ? Me questionna t-il en pressant ma main pour que je réagisse. Je relevais le regard vers lui, puis bu de mon café avant de me jeter à l'eau. ▬ Oui. On ... ne peut plus continuer comme ça. Quatorze ans, ce n'est pas rien, en plus tu as des enfants. Je suis encore des études, tu es dans la vie active. Tu aimes les rolling stones, j'aime abba. Tout nous sépare. Je pensais presque ce que je disais. En vérité, son ex-femme était venue me voir en me menaçant de tout dire à mes parents si je ne cassais pas. Mes parents s'en fichent peut-être si je suis bisexuelle, mais que je sorte avec un homme beaucoup plus vieux que moi, certainement pas. ▬ Tu casses, c'est ça ? Je le regardais droit dans les yeux. J'enlevais ma main de la sienne, me leva tout doucement sans jamais quitter son regard. ▬ C'est ça. Soufflais avant de l'embrasser pour lui dire adieu. Je pris le café et je marchais vers la voiture. Je roulais immédiatement, car d'ici il pouvait me voir. Ma vue commença à se brouiller.